Survol Historique
A toutes les époques du sport ouvrier puis travailliste on retrouve trace des luttes sportives qui sont constitutives du mouvement travailliste dans divers pays d’Europe. Engels lui-même, s’il ne semble pas douteux qu’il fut un gymnaste adepte gymnique du « Turnen », est cité en plusieurs lieux comme ayant pratiqué les assauts au « corps à corps », y compris boxés.
Pour ce qui concerne l’histoire des pratiques sportives des travailleurs dans notre pays on sait que les combats avaient un enracinement majeur dans la classe ouvrière comme l’illustra Henri Deglane, premier champion olympique Français de Lutte gréco-romaine (Paris 1924) qui inscrivit son club niçois à la FSGT dès qu’il en fut président. « Monté », comme il se disait à l’époque, de son Limousin natal, il était en effet simple « camionneur » livrant les fûts de bière dans les estaminets de l’époque. Vides ou pleins, la manipulation de ces fûts était selon lui la meilleure des musculations quotidienne.
Dans l’entre deux guerres lutte et boxe sportives furent pratiquées dans les deux fédérations qui donneront la FSGT, puis dans cette FSGT unifiée elle-même. La seconde guerre mondiale rendra l’activité confidentielle sans arriver à l’arrêter totalement et elle reprendra sous forme de championnats nationaux de lutte Gréco-Romaine dès la libération.
Très rapidement « les lutteurs » ne se satisferont pas de cet aspect trop spécialisé et ouvriront les portes de leur commission nationale à la lutte libre dès les années 50. Les archives de la commission établissent qu’il y a eu chaque année depuis la libération des championnats de France FSGT de Lutte.
Toute cette période historique vient fleurir de très nombreux échanges avec les « pays de l’est » qui possédaient une riche tradition dans tous les arts de combat. C’est dire à quel point l’héritage de cette activité est précieusement mêlée à celle de notre fédération et à sa pratique d’ouverture.
Cette ouverture, c’est la façon de l’époque d’en témoigner, prendra une autre forme dans les années soixante en jouant un rôle éminent dans le lancement puis dans l’organisation systématique de la lutte féminine.
Le rôle majeur de la commission pour ouvrir cette activité aux femmes doit d’autant plus être souligné que cette pratique est désormais devenue une discipline olympique. Sport et Plein Air a consacré plusieurs rubriques à ce sujet.
L’esprit d’ouverture et de transversalité se poursuit dans les années soixante dix : c’est l’admission du sambo sportif, discipline martiale venue d’Union Soviétique. De par sa dynamique interne la commission de lutte s’est transformé en commission des luttes.
La commission se dotera alors d’un centre national de formation ouvert durant les mois d’été en Provence et l’effort de transversalité se poursuivra, y compris et surtout au plan des formations. Durant trente années consécutives les stages de formation de cadre présenteront une démarche transverse intégrant les boxes et même l’escrime. Une place importante sera réservée à la réflexion et à l’innovation, dans le droit fil des stages Maurice Baquet dont ils se veulent explicitement une application et une continuité disciplinaire.
Les jeux d’opposition et la création pédagogique présideront à une progression mettant en place un système moderne de passages de grades sportifs répartis en niveaux de motricité et en maîtrises des acquisitions.
C’est donc avec une logique certaine que dans les années 90 la commission pût innover en lançant l’activité boxée « Pieds Poings » dans un premier temps puis accueillir l’antique discipline du « Pancrace » dans un second temps, devenant ainsi une commission regroupant en son sein les formes significatives des disciplines ainsi regroupées dans une même « Commission Fédérale des sports de combat ».
L’effort se poursuit actuellement avec l’accueil d’un secteur des Arts Martiaux destiné en priorité à ouvrir une activité non compétitive aux membres de la FSGT.
Un point de vocabulaire à clarifier
La langue française regroupe sous un même mot l’idée générale des oppositions et des batailles dont notre univers est si riche. Les milieux sportifs se sont rangés à cet usage jusqu’au dix neuvième siècle.
Le nom de cette immense famille est celui des « Luttes ». A l’intérieur de cette famille on apporte toute précision au moyen d’une sorte de « prénom » qui permet de bien identifier ce dont on parle.
On évoquera pour prendre quelques exemples la lutte pour la vie, les luttes économiques, les luttes syndicales, la lutte des classes, les luttes ethniques, une lutte fratricide, des luttes armées voire des luttes guerrières et bien entendu aux luttes sportives.
Jusque dans les années 1900 cette règle s’est appliquée en sport. On peut ainsi trouver dans le « Petit Journal » de l’époque de belles illustrations d’assauts aux poings sous l’intitulé de « Lutte de Boxe » où il était autorisé de fermer la main alors que dans les « luttes à main plate » les coups devaient être délivrés à main ouverte.
Sous l’influence probable des Jeux Olympiques, mais aussi semble-t-il sous celle du Taylorisme qui a tant contribué au morcellement de l’activité humaine, le monde sportif s’est peu à peu appliqué à segmenter les diverses disciplines au nom de multiples particularismes affirmés et qu’il est souvent bien difficile de mettre en évidence.
Il résulte de cela aujourd’hui qu’il n’y a plus, contrairement à l’athlétisme, la natation ou la gymnastique notamment, de mot général clairement reconnu pour désigner globalement les activités de combat.
Si cette évolution du langage crée une difficulté de compréhension pour le domaine, on notera comme paradoxe amusant que pour user d’imagerie symbolique forte les autres domaines continuent de désigner comme « étant à la lutte » des sportifs qui se rencontrent avec âpreté … même s’ils n’ont aucun contact directement physique.
Enfin.., mais pas pour finir !
La vie sportive est faite de deux temps sociaux complémentaires : l’un pour se former, l’autre pour se rencontrer.
La commission fédérale tente de se comporter comme le petit bonhomme qui a besoin d’avancer et dispose pour cela de ses deux jambes.
Il y a une jambe nommée "compétition" et une jambe nommée "formation".
Les traditions en matières d’activité de combat privilégient de fait le pôle des combat, car c’est ce qui éveille immédiatement un écho dans les représentations que chacun se fait de l’authenticité du domaine.
Il convient donc de bien mettre en exergue qu’il s’agit d’équilibrer une démarche afin de donner toute sa place à chacun des secteurs afin de répondre à la diversité des attentes de tous les adhérents de notre fédération.
Ce propos ne peut en conséquence avoir aucun caractère ce conclusion, c’est au contraire un axe d’ouverture et une perspective d’avenir renouvelée et modernisée.