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1937 - Un camp d'A.N. alpinistes dans l'Oisans

Un camp d'A.N. alpinistes dans l'Oisans

Enserré entre les contreforts du Pelvoux et les clochers de Clouzis, à la limite de l'habitat de la vallée de Vallouise ; s'enfonçant au cœur du massif de l'Oisans, le hameau d'Ailefroide, au pied des Glaciers Blanc et Noir, a accueilli cette année les A.N. parisiens, grenoblois et niçois pendant un mois.

Ces derniers, les plus nombreux, ont assumé d'une façon parfaite l'administration du Camp, ce qui fut facilitée par la sympathie des montagnards.

Après les leaders sportifs, le trésorier niçois, Henri Pourpe, doit être remercié ici de son activité.

Un chalet en pierre qui Fut loué 100 francs, pouvait loger vingt camarades dans la paille. La salle commune, avec une immense cheminée à hotte, servait dei réfectoire, d'abri pour la pluie et pour le matériel pendant les ascensions. A côté, un petit pré caillouteux groupait une quinzaine de tentes.

Voici un résumé de notre activité :

ASCENSION DE LA ROCHE PAILLON

Le 4 août, la première ascension importante fut une collective de 11 conduite par Jean Vernet.

Après une nuit passée au refuge Caron (3.170 m.), notre caravane attaquait en 4 cordées, par l'arête S. E. la Roche Paillon (3.637 m.). De là nous redescendions en suivant l'arête N. vers le col pour remonter au sommet voisin, la Roche Émile Pic (3.586 m.). Nous étions de retour au refuge Caron à 16 heures, après une belle descente en ramasse, et redescendions à Ailefroide, ayant englouti nos provisions en vitesse.

Cette course comportant neige et rochers fut faite sans incident et permit de voir la valeur de chacun. Boulou (de l'U.N.) s'avéra particulièrement enthousiaste si nous en croyons les Pactoles de rouge du dîner (il fut aidé consciencieusement !).

COLLECTIVES AU PIC COOLIDGE ET AUX BARRES

Le 6 août, vers 14 heures, nous partions à une vingtaine pour établir un camp d’altitude à 2.500 mètres sur la moraine près du Glacier Noir.

La marche fut pénible pour beaucoup à cause de la chaleur et des sacs de camping comprenant 2 jours de vivres. Mais la beauté du site était la récompense de ces efforts. Au pied de la face S. des Ecrins, du pic Coolidge et du col des Avalanches, nous avions face à nous, par delà le Glacier Noir couvert de débris de rochers, la masse du Pelvoux (3.940 m.) et du Pic Sans Nom.

La nuit fut sans histoire ; dès 5 heures du matin, Vernet partait avec quatre camarades pour la traversée des Barre Blanche et Barre Noire (3.751 m.), tandis qu'à 6 heures, Pourpe et Renaud emmenaient sept camarades vers le col de la Temple (3.322 m.), ligne de partage des eaux entre Vallouise et Bérarde, entre les vallées de la Celse-Nière et du Vénéen. Là quatre jeunes filles peu entraînées s'arrêtèrent pendant que le groupe atteignait le sommet du Pic Coolidge (3.774 m.) en deux heures, après une varappe facile où se distingua notre compagnon de cordée : Paul Ségal.

Avant d'atteindre le sommet nous avons contemplé respectueusement une magnifique corniche de glace prête à descendre sur les côtés du col des Avalanches, pas bien loin de notre petit camp à 1.250 mètres au-dessous. Ce Pic est un belvédère d'accès facile qui permet de détailler la parti vertigineuse de la Barre des Ecrins (4.101 m.).

 

UNE « SECONDE » AU PIC D'AILEFROIDE

Les jours suivants furent consacrés par les débutants à des courses de moyenne montagne. C'est ainsi que ceux-ci allèrent au refuge Tuckett, au refuge du Sélé, au lac de l'Eychauda ; l'alpe de Claphouse.

Durant ce temps J. Vernet, André Marien et nous-même, partions en voiture à la Bérarde de l'autre côté du massif. Campant au Pré du Carrelet, notre première journée de séjour fut de repos par suite d'une (aimable ?) pluie matinale qui nous fit à 3 heures réintégrer nos chauds duvets.

Le mercredi 11 août, nous partions enfin du refuge de la Pilatte (2.572 m.), à 5 heures du matin, et, après avoir traversé le glacier de la Pilatte et le petit glacier Gris, la paroi W du Pic d'Ailefroide était atteinte à 7 heures. Pour nous réchauffer, la progression fut d'abord très rapide car le soleil qui dorait les sommets voisins, nous laissait dans l'ombre. A 8 heures, nous étions à 3.400 mètres sur la bosse du Glacier Long, raide et blanc ruban qui prend en écharpe la paroi. Après le passage d'une cheminée verglassée, nous faisions halte sur un éperon pour le casse-croûte de midi. Nous repartions rapidement et par une suite de vires arrivions bientôt à une étroite cheminée, haute de 10 mètres, qui nous conduisit à l'arête sommitale. Suivant celle-ci, nous étions au sommet principal (3.954 m.) à 14 h. 30.

Cet itinéraire, dominant constamment le Glacier de la Pilatte, sans grande difficulté alpine, n'avait été parcouru que pour la première par Charignon. Durant tout le parcours il offre des coups d’œil splendides sur les Bans et le Gioberney ; à gauche la vue s'étend jusqu'à la Meije.

La descente fut sans histoire, mais nous devions, pour regagner notre gîte, passer le col du Sélé (3.278 m.) où la nuit nous surprit et c'est à la lanterne que, vers minuit, nous arrivions au refuge de la Pilatte sans avoir dîné.

SEPARATION

L'actif et heureux séjour que tous firent au camp d'Ailefroide devait avoir une fin. Dans la grande cheminée du chalet un feu de camp et une « fondue » suisse en furent la clôture, le 14 août, réunissant tous les A.N. qui le lendemain s'égaillaient vers le Nord et le Sud.

J. Vernet conduisit encore une ascension au Pic des Pavéous (3.382 m.), ce qui fut l'occasion d'une belle partie de varappe sur l'arête S. 0.

La participation des effectif, le nombre et la valeur des ascensions accomplies au Camp d'alpinisme d'Ailefroide révèlent un progrès certain sur les réalisations du camp de Chamonix en 1936.

La collaboration avec les sections des A.N. de Grenoble et de Nice (Ski-Montagne) a permis de voir passer à notre chalet, à l'altitude de 1.506 mètres, une cinquantaine de camarades. Tous ne sont pas devenus des alpinistes du jour au lendemain, mais ils ont pu acquérir les premières notions de la connaissance de la Montagne et comprendre la nécessité de la prudence. ce qui est primordial.

La compétence des camarades Scherrmann (Grenoble), Jean et Georges Vernet (Nice) a permis d'éduquer des Amis de la Nature susceptibles à leur tour de les remplacer dans les années à venir.

Pendant que nos leaders participeront en 1938 à l'Expédition travailliste au Pamir, nous devrons dans les Alpes faire progresser la technique et les effectifs de l'Alpinisme ouvrier.

RENAUD.


 

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