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[2/3] Hélias Millerioux par Momo Latapie

Hélias Millerioux [2/3]

Son parcours, c'est avant tout une histoire de passion pour les montagnes et une histoire d’amitié pour ses compagnons de cordées.

Originaire de Paris, il passe ses vacances à la montagne. Puis vint la randonnée suivie de l'alpinisme en Vanoise. Dès 10 ans un rêve de gamin commence à se dessiner : devenir guide. Et ce rêve s'enracina pour ne plus jamais le quitter.

Un jour, un guide lui dit: “fais d'abord de l'escalade, ensuite tu verras”. A Paris, Grimpe 13 une association d'escalade FSGT, le forme à la grimpe, sur une strucuture artificielle d'escalade (SAE) d'abord, puis le bloc à Fontainebleau, la falaise, et enfin l'alpinisme…

Depuis, Helias est devenu guide de haute montagne, alpiniste, grimpeur, glaciairiste et skieur.

Le 23 septembre 2018, Hélias a reçu le Piolet d’Or 2018 à Ladek, en Pologne, en récompense de ses exploits lors de l’ascension d’un nouvel itinéraire vers le Nuptse, un sommet de 7 861 mètres d’altitude au Népal.

Nous vous présentons ici, le deuxième témoignage "de vieux qui l'ont connu jeune".

Ode au sieur Millerioux

par Momo Latapie

Deux cartes postales du Pakistan ornent ma cheminée, l’on y voit un immense glacier aux moraines démesurées, parallèles, comparables à celles qui me perturbèrent dans ma toute jeunesse toute représentation grandiose car issues des manuels scolaires. Tiens donc elles existent là bas devant ce K2 magistral !

Au verso elles sont remplies de sa prose, tout comme celles du Nupsé : Confidences de l’ami Hélias dans notre reconnaissance réciproque.

Lui que j’ai connu à l’aube de ma retraite active, d’jeune adulte ou presque, à Bleau, au hasard d’une piste orange foulée entre copains , arrivant en chantant, et que me présentait François, lui même issu d’une amitié de longue date car son papa Loulou, le Louis Louvel du film, me fit découvrir l’escalade à l’UsIvry de sa création (il y a quelques décades sinon plus) et son fiston précité, les grandes voies que je côtoyais du coté d’Ailefroide et que je pensais inabordables….(merci à eux).

Hélias me fit grosse impression, passa ce surplomb en tongs que nous n’osions même pas avoir envisagé malgré nos chaussons serrés !

Par petites touches nous nous coutoyions alors, notamment de par son giron familial (Noëlle, Isis), où en marge des clubs, s’organisaient à Bleau des sorties grimpe entre copains, voitures aidant, et par quelques repas dans son HLM à la cohabitation exiguë.

Mon chalet que je n’habitais plus puisque travaillant à la fédé, servait alors pour des vacances de parisiens : ski, raquettes, mais aussi discussions sur le métier de guide, son rêve, que je m’efforçais à l’en dissuader d’exercer.

Pourtant nous fumes sept guides (même huit !) à être issus de cet USI des sixties , mais avec des parcours assez chaotiques et pas forcément restés sur les mêmes longueurs d’ondes avec deux qui abandonnèrent totalement le métier, un qui fit guide au Parc des Écrins, deux qui firent cadres de villages vacances, les autres totalement asservis à leur clientèle. Quel exemple suivrait il ?

Force est de constater qu’il a bien poursuivi son idée, tout comme ses entraînements tant alpins qu’escalades, que j’étais loin de soupçonner tout comme sa prise de responsabilité de président de Grimpe 13 (je laisse ma plume aux copains narrateurs).

Par contre pour sa prépa au concours d’aspi, au Glacier Blanc lequel était encore accessible de par sa langue frontale, nous avions fait une école « à l’ancienne » pour lui faire « sortir le nombril », gage de l’adhérence des dix pointes qui donnent de l’aisance lors de tout usage du piolet (hors pointes avant).

Bien qu’il avait acquis un niveau alpin de plus en plus élevé grâce à ses stages FFME en tant que jeune espoir, au Maroc, puis en Alaska, dans des expés où les ouvertures de voies, d’itinéraires, en étaient l’objectif ; Malgré qu’il était reconnu comme petite élite, et moi qui ne pouvais plus être le petit guidos des voies alpines pédagogiques, nous poursuivions nos échanges sur la FSGT, sur la vie, sur les événements dans le monde et scellions notre respect mutuel.

Vint donc sa maturité bien assise et son envol dans ses premières hivernales en Face Nord du Pic Sans Nom.

Portage obligé, depuis Pelvoux, avec Michel du club de 4+ de Vitry, nous apportions, en skis de fond, notre aide passagère pour soulager la cordée aventureuse (dont Robin, futur guide aussi) laquelle en skis de peaux de phoque, jusqu’au refuge pré de Mme Carles. Malgré notre contribution Hélias se tapait non pas deux mais trois sacs à dos sous lesquels il disparaissait.

Il essuya d’ailleurs un bémol car grimpant en chaussons dans son extrême d’ouverture il ne put remettre ses chaussures, le soleil disparu, le gel faisant son emprise rendant ses coques plastiques trop rigides et ne pouvant plus les enfiler. Dure nuit en paroi, comme bien d’autres mais celle-ci lui gela surtout les pouces. Ce qui ne l’empêcha pas partiellement guéri quelques semaines plus tard d’aller grimper dans le Haut Atlas, nanti de chaussons plus grands !

Vint son alternance de domiciles entre Chamonix et son Paris 13, avec des escapades Briançonnaises. Ses copains sont d’ailleurs nombreux en ces différents lieux.

Puis ce furent le début de ses exploits himalayens entre autres, où il me fit partager avec peu d’autres en tant que privilégiés, des rencontres, conférences, et films dans le milieu de la performance, et rencontrer de ses amis qui baignent également dans la modestie.

Lors de transits et quelques haltes à Briançon, lui et ses copains, jeunes guides du coin trimballèrent le vieux un peu essoufflé, en hors piste, à Serre Chevalier, avec 60 cm de fraîche dans des pentes instables où il ne faut pas s’égarer de quelques mètres, mais où dans le moins raide ils restaient béas devant une godille frétillante.

Ses expéditions se multiplièrent, et malgré ses soutiens de sponsors, il n’en revendiquait pas un vedettariat ; ce qui quelque fois le désolait c’est le manque de fair-play de certains de ses coéquipiers, au retour.

Un peu victime de sa grande gentillesse et de son cœur tendre (les filles le savent bien), lui la bête de grimpe, en ressent un peu d’amertume.

De son exploit d’expés au Nupsé qui s’étalent sur trois années dont se fit une chronique entretenue notamment dans Montagne-Magazine, comme des autres expés il n’en parle peu, modeste qu’il reste. Pourtant c’est par sagesse qu’il a renoncé une fois à 300 m du sommet, ça mérite d’être dit, tout comme sa pugnacité !

Tout comme, reconnaissant en lui (et ses compagnons de cordée) l’homme de l’année sur le plan international, il a été invité à aller chercher son « Piolet d’Or » en Pologne cet automne.

Tout comme sa conférence sur le Pakistan, sollicité par une ONG.

S’il passe des journées en parois entre 5000 et 7000 mètres (nous dirions à se les geler...) il n’en oublie pas moins le « petit peuple » d’en bas qu’il essaie de soutenir.

Au delà de sa renommée, il apprécie de se retrouver entre vrais copains, entre nos valeurs, voire pour s’isoler des foules par un peu de défoulement, et ce peinardement : de l’alpi rando sans raquettes au printemps (Grand Aréa), ou de la peau de phoque dans les vallonnements en pré-alpes briançonnaises.

S’il consent à des interviews, faut bien qu’il se médiatise pour avoir de la clientèle, il rage contre le show-biz.

C’est bien pourquoi il préfère vendre ses services à la FSGT, ce qu’ont profité des jeunes de 4+ pour un stage d’initiation montagne en Oisans ce mois d’août, ceci tout en écoutant les conseils de copains locaux, dont un apprentissage sur le Bouchier, eh eh eh !

Ce qu’avaient bénéficié Michel et moi s’étant fait traîner dans la vallée blanche, en apprenant les techniques modernes du terrain d’av, entre autres dans la Rébuffat, voire dans Les Parisiens aux Trois Becs (Drome)…

Au delà du plaisir d’encadrer, il conserve sa fibre formatrice. Il honore donc une autre façon d’exercer ce métier. Pourvu que ça dure, pour nous, pour la société qui en a gros besoin ... !

Pourtant c’est dur d’en vivre. C’est pourquoi de temps en temps, il se tape des chantiers accros, entre deux entraînements sur le mur de Roc 14 !

Chapeau l’artiste !

C’est donc un honneur pour la FSGT qu’il reste dans ses rangs, parmi nous tous.

# Momo

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