Aline Bouchard, ergothérapeute et secrétaire de l'AC Bobigny a mis en place un projet autour de l'escalade adaptée en SAE, en parteneriat avec l'US Ivry et le SAMU Social de Paris. Elle nous livre ci-dessous le bilan de cette initiative.
Un partenariat a commencé à s’établir entre le club d’escalade d’Ivry, avec l’aide de Michel Tafflet et le Samu Social de Paris, le LAM (Lit d’accueil médicalisé) situé à Ivry, rue Jean le Galeu.
Afin de le mettre en place, nous avons décidé de laisser plusieurs séances à l’essai. Pour la suite, la commission régionale FSGT avait acceptée de prendre en charge les licences et le club de faire bénéficier les pratiquants du SAMU d’un tarif chômeur. A cet effet, j’avais envoyé un projet.
Deux animateurs, éduc du SAMU accompagnaient les « hébergés ». J’intervenais en tant qu’ergothérapeute dans un projet de prise en charge thérapeutique, (et educ sportive (DE) sports adaptés en cours de formation)
.
Michel a eu la gentillesse de nous accompagner sur place.
La première séance a eu lieu le 8 janvier et la seconde le 29 janvier 2016.
- La première séance :
4 personnes sont venues dont une femme, et un homme en fauteuil roulant. Ils avaient entre 40 et 55 ans environ et étaient très sédentarisés.
Après un premier échauffement rapide qui a déjà montré des difficultés comme fatigabilité, manque de concentration, imprécisions du schéma corporel, difficultés relationnelles notamment entre eux, je l’ai ai équipé.
Chaque personne a pu essayer sur une dalle l’escalade, assuré par Michel et accompagnée par moi sur le mur. D’abord sur le bloc puis sur le mur.
Le bloc sera beaucoup plus difficile et insécurisant que le mur où la corde les a beaucoup aidé et sécurisé.
Sur le mur, la plupart pourront aller jusqu’à un tiers/une petite moitié, un peu moins pour la personne en fauteuil, qui a pu se tenir debout contre le mur puis faire plusieurs pas sur le mur. Je l’ai fais redescendre car il commençait à être très essoufflé et il m’a semblé plus sage d’y aller progressivement.
Les 4 personnes ont semblées contentes et étonnées de leur « prouesse ».
- La deuxième séance :
Elle a été difficile a mettre en place pour l’équipe, un seul des 4 pratiquants de la précédente rencontre ayant voulu recommencé. Les autres ont eu peur ou ont été trop fatigués. Par contre la personne qui est revenue était motivée. Le deuxième participant a été un homme plus jeune (30 ans environ) et en fauteuil roulant pouvant faire un certains nombre de pas mais avec de gros efforts.
Après un échauffement un petit peu plus complet mais encore rapide, les deux hommes se sont préparés. Ils ont pu grimper une grosse moitié du mur chacun. Ils en étaient très fiers. Le fait de faire grimper aussi leurs éduc a été un moment très convivial.
La personne en fauteuil roulant a été assez bluffante car plus mobile sur le mur que sur le sol.
Les deux hommes ont déployé beaucoup d’énergie et je n’ai pas eu a pousser plus que ce qu’ils ont fait spontanément, de peur de les épuiser ou de les mettre en danger.
Evidemment, il ne s’agit pas là d’une pratique de l’escalade comme nous l’entendons habituellement. La corde aide, stabilise en permanence la personne, celle-ci est guidée à chaque pas dans sa motricité soit corporellement soit verbalement. Chaque réussite, même minime est valorisée.
Il s’agit vraiment là d’un atelier thérapeutique visant à stimuler les capacités de la personne, les ressenties corporelles, la réappropriation de son corps, la gestion de ses émotions d’une manière positive et valorisante. La socialisation, surtout dans un lieu ordinaire est importante.
Les étapes suivantes auraient pu être :
Cependant, le Samu Social a rencontré de nombreuses difficultés pour avoir le véhicule et le personnel pour cet atelier et a renoncé à le faire pour deux personnes seulement. L’investissement était trop lourd.
Ce genre de partenariat est effectivement difficile et lourd à mettre en place et pose question.
Il me semble par mon expérience professionnel et bénévole que l’handi-grimpe pose des questions sur l’accès aux structures sportives des personnes en situation de handicap et leurs modalités (en milieu ordinaire), malgré la bonne volonté des fédérations sportives :
Je pense que pour les clubs, quand ce genre d’expérience est possible, cela peut être très riche et questionner les apports du sports à la personne, le sens de sa/la pratique sportive en rappelant certains fondamentaux.
Il est très enrichissant aussi d’apprendre à faire autrement et à imaginer autrement les choses.
Cependant, si souvent il est question surtout d’ouverture d’esprit pour l’accueil de nombreuses personnes, il y a des personnes qu’il ne faut pas mettre en danger ni physique ni psycho affectif et donc rester prudent dans ces capacités d’accueil.